Russie en histoire

Siège de Léningrad

Chaque année, le 27 janvier, les habitants de Saint-Pétersbourg et toute la Russie rendent hommage au courage et à la vaillance des survivants ainsi qu’à ceux qui ont perdu leur vie pendant les 872 jours du siège de Leningrad (le nom de Saint-Pétersbourg entre 1924 et 1991).
Le 8 septembre 1941, les forces allemandes atteignent les portes de Leningrad ; la ville est totalement encerclée et il n’est plus possible d’y livrer des approvisionnements. Les entrepôts contenant des vivres sont détruits par les bombardements massifs.
En faisant mes recherches, je suis tombée sur une vidéo réalisée pour la diffusion en France en 1941. Sur le site de l’INA, dans RECHERCHE, tapez « Léningrad » et choisissez la vidéo « La guerre à l’Est : encerclement de Leningrad » pour voir comment le siège a commencé.
3 millions d’habitants sont plongés dans l’isolement complet et dans des conditions inimaginables. Le rationnement est mis en place : seulement 125 grammes de pain avec des sciures de bois par jour, et pour les obtenir, plusieurs heures d’attente sont nécessaires. En hiver, les températures chutent à des niveaux extrêmes. Plus de chauffage, plus d’eau ni d’électricité. Les Léningradtsy, affaiblis par la faim, brûlent tout ce qu’ils trouvent : meubles, livres et parquet ; ils mangent des chats devenus rares ainsi que des rats. Beaucoup ne survivent pas ; les corps s’amoncellent dans les rues. En 1942, entre 3 500 et 4 000 civils meurent quotidiennement.

Le Journal d’Anne Frank est mondialement connu, mais il existe de nombreux autres témoignages de cette guerre. Les journaux intimes rédigés au cœur du siège de Leningrad sont peu connus en France. Celui de Iouri Riabinkine, un adolescent de 15 ans, est une « histoire du siège vue de l’intérieur, au jour le jour ».

Éditions des Syrtes, 2022, 160 pages.



La vie quotidienne devient une lutte constante pour la survie. Mais les Léningradtsy refusent de céder. Un seul chemin les relie au reste du pays : la Route de la Vie, qui passe sur la glace du lac Ladoga à l’est de la ville. Bombardés par les Allemands, les chauffeurs des camions transportant des vivres et du matériel militaire risquaient leur vie pour sauver des habitants de Leningrad.
Malgré le siège, la ville parvient à résister. Ceux qui peuvent se rendent au travail dans des hôpitaux et des usines, surtout des femmes et des adolescents. Ils se relaient pour monter la garde sur les toits des immeubles afin de les protéger du feu lors des bombardements. Les enfants continuent d’aller à l’école ; les classes sont aménagées dans les sous-sols.

Et puis il y a la musique : la fameuse symphonie n° 7 de Dmitri Chostakovitch a été jouée le 9 août 1942 dans la grande salle de la Philharmonie. Pendant plusieurs mois, les musiciens affaiblis se réunissaient pour répéter afin de montrer au monde entier que Leningrad ne pliait pas.
Quatre-vingts ans plus tard, le 9 août 2022, un magnifique concert a été donné en plein cœur de Saint-Pétersbourg ( le morceau le plus connu commence à la 13ème minute, désolée pour la publicité). Je vous invite à admirer cette ville, la Ville Héros, qui se souviendra toujours des près d’un million d’habitants morts de faim pendant ces 872 jours de siège de Leningrad.

Мужество

Мы знаем, что ныне лежит на весах
И что совершается ныне.
Час мужества пробил на наших часах,
И мужество нас не покинет.
Не страшно под пулями мертвыми лечь,
Не горько остаться без крова,
И мы сохраним тебя, русская речь,
Великое русское слово.
Свободным и чистым тебя пронесем,
И внукам дадим, и от плена спасем
Навеки.
Анна Ахматова,23 февраля 1942 г.

La Vaillance
Je sais : tout est pour nous remis sur la balance,
Nous voici prêts et résolus.
C’est fait ! L’heure a sonné, l’heure de la vaillance,
Elle ne nous quittera plus.
Car, nous ne craignons pas de tomber sous les balles,
Nous ne pleurons pas notre toit,
Mais nous garderons notre langue natale
Au verbe rayonnant et droit.
Langue russe, on saura te garder libre et pure,
Et sans te laisser déformer,
Te léguer à nos fils, te sauvant des injures
De la servitude à jamais.
Anna Akhmatova, 23 février 1942

Anthologie de la poésie russe, page 340
Gallimard, 2007


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